La chaumiere

La chaumiere
de Alexandru Macedonski


Il est prés d'un rocher une étroite chaumière,
L'accacia fait trembler son ombre aux alentours;
Jadis ce fut un nid d'amour et de lumière,
Un berceau contenant d'heureux et tendres jours.

Ainsi qu'un cercueil vide elle entr'ouvre sa porte
Que le vent fait crier tristement sur ses gonds,
Et parait regarder de son regard de morte
Par le sentier qui mène au loin dans les vallons

Le lierre grimpe encore aux appuis des fenêtres
Et flotte sur les murs à la vigne enlacé,
Ainsi deux beaux amants qui confondraient leurs êtres,
Jouiraient du présent oublieux du passé!

Un bout de rideau blanc qu'un léger souffle agite,
Vaguement d'une vitre ébauche le contour;...
Ce souffle parait être une âme qui palpite
Et ce rideau léger un fantôme d'amour.

Dors en paix pour toujours, chaumière désolée,
Nid charmant d'un bonheur éteint a peine éclos...
Aujourd'hui tout est mort; et la joie envolée
Ne reviendra jamais visiter cet enclée.

Bucharest, 1880