Coenis - Textul francez
Daus les bois ténébreux de l’infernal empire
Coenis traîne à pas lents le poids de sa douleur;
Elle passe, revient, et jamais un sourire:
De son front abattu n'anime la pâleur.
Vivante, elle cut l’amour du Roi des eaux marines,
Puis trahie, elle obtint de son divin amant
La faveur d'échanger des grâces féminines
Contre un sexe moins doux et plus fort au tourment.
Jeune homme elle devint, mais, hélas! son cour tendre
N'en fut pas plus heureux; îl battit de nouveau
Pour une belle enfant qui nc sut pas l'entendre,
Adorant elle-mȇme un autre jouvenceau.
Coenis au désespoir abhorra la lumitre,
Et résolut de fuir dans la nuit du trépas;
Et ce fut sous les traits de sa forme première
Que Coenis descendit aux lieux sombres et bas.
Là , le ceur abreuvé d'amertume profonde,
Elle erre isolément et ne fait que gémir,
Maudissant le destin qui ne la mit au monde
Que pour toujours aimer, et pour toujours souffrir.
Elle évite toute ombre, et lorsqu'on la contemple,
Son regard semble dire aux gens du noir séjour:
«Laissez en paix Coenis, le plus complet exemple
«Des effroyables jeux du tout puissant amour.»
Inspire de Virgile, 1869.
Auguste Barbier.
(Poestes posbhumes)